Les bunkers sont massivement considérés/réduits comme des architectures hostiles. Ils sont certe le symbole d’un contexte de guerre horrible et violent mais ils restent au delà de tout ça des sculptures architecturales absolues, des artefacts d’un ordre ultime, conséquence d’une nécessité de protection face à un chaos destructeur (shrapnel) qui dépasse notre imagination limitée. Ils dépassent nos notions d’espace temps, par leur densité et leur durée de vie. Ils ne sont adaptés à aucune vie naturelle et semblent même être extraterrestres. L’idée n’est donc pas de redonner vie à la guerre, elle n’a pas besoin de nous pour vivre, mais d’arrêter de relier ces monolithes seulement à nos défunts. Plutôt comme des bases de réflexion ouverte sur l’esthétique au delà du beau factice et sans saveurs.
Paul Virilio considère le bunker comme une infra-architecture du revêtement. J’ai repris ses photos d’archive (Bunker archeology) pour les graver sur un support de revêtement inesthétique, n’aillant pour raison de d’exister que son utilité, le «tetrapack».Je cherche à faire apparaître sa finesse et sa douleur en le gravant/perçant au cutter/pointes, à le mettre en évidence en l’éclairant avec une blancheur immaculée face au reste du paysage tourmenté. Qu’il soit considéré comme une pièce architecturale intégrée (mis en vibration de trois éléments sol/archi/ciel) et séparant le paysage en deux plutôt qu’à un monument de mémoire.